Les textiles

Fouille de la sépulture d’Aubry de Braine (mai 2021 ; Ph. Arson ©CNRS)

 

Les textiles sont de « vrais » objets archéologiques et, de ce fait, ils sont susceptibles d’apporter plusieurs renseignements selon leur contexte de découverte et doivent être traités comme tout autre artefact. Après leur découverte dans des fouilles/sondages archéologiques, il est nécessaire de les faire étudier par des archéologues spécialistes des textiles.

L’étude des textiles archéologiques se place dans une approche multi-disciplinaire pouvant notamment apporter des informations sur :

  • les procédés de fabrication (matières, teintures, assemblages, décors, etc.)
  • l’histoire du vêtement
  • l’histoire des techniques
  • la vie quotidienne des sociétés passées
  • les pratiques funéraires
  • l’histoire du commerce
  • l’histoire industrielle

En raison de leur nature organique, les textiles se détériorent plus rapidement que des objets non périssables. Cependant, il arrive qu’ils se conservent sous plusieurs formes et soient mis au jour lors de fouilles archéologiques. Ces conservations dépendent de plusieurs facteurs avant et, ou après leur enfouissement. Ainsi, la matière organique peut ne pas être altérée ou au contraire être totalement transformée au contact d’autres matériaux. La liste ci-après indique les différentes formes de conservation des textiles :

  • la forme non altérée (souple)
  • la minéralisation
  • la carbonisation
  • l’empreinte
  • la calcification

Ceci vaut également pour les autres objets en matière organique (bois, cuir, plumes, fourrure, graines, etc.).

Les conditions des milieux d’enfouissement sont souvent « extrêmes » : milieux très secs, très froids, humides, dans des couches incendiées ou au contact d’objets métalliques se dégradant (milieu acide). Un changement trop brutal de milieu peut immédiatement impacter l’intégrité des textiles et les fragiliser, voire les détruire totalement. C’est pourquoi, il faut faire très attention au moment de leur découverte sur le chantier de fouilles. First Aid for the excavation of archaeological textiles – un manuel à destination des archéologues de terrain – livre quelques explications sur les premiers gestes à effectuer lors d’une découverte de textiles ainsi que sur leur conditionnement. Le plus important est de conserver au mieux les conditions du milieu d’enfouissement du textile lors du conditionnement et de ne pas essayer de le nettoyer. De plus, la taille des fragments n’est pas proportionnelle à la quantité d’informations qu’ils peuvent potentiellement livrer (Gillis, Nosch, 2007, p. 7-10 ; Wild 1988, p. 7-12). C’est pourquoi il est nécessaire de faire attention au conditionnement des textiles (éviter les surfaces abrasives, caler les fragments avec de la mousse pour le transport, etc.) et de faire appel à des archéologues spécialistes pour leur étude.

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GILLIS C.,  NOSCH M.-L. (dir.), 2007, First aid for the excavation of archaeological textiles, Oxford, Danish National Research Foundation’s Centre for Textile Research ; Oxbow Books, 43 p.

WILD J.P., 1988, Textiles in archaeology, Princes Risborough, Aylesbury, Bucks, Shire Publications, coll. « Shire archaeology », n˚ 56, 68 p.